Les cadres dans l’histoire

Les cadres dans l’histoire

Mes sculptures de papier passe muraille sont positionnés à la verticale sur des supports de bois plaqués de marqueterie ou peints à l’encaustique. Ce panneau mérite souvent d’avoir un cadre pour accentuer le mouvement de mes personnages, et pour les mettre en valeur.

Le cadre, qu’on pense là juste pour la décoration, ne fait pas que séparer la peinture, le dessin, la photo, les sculptures comme les bas reliefs, de l’espace qui l’entoure. Il place l’œuvre dans un écrin.

En effet un cadre n’est pas qu’une bordure rigide, c’est toute une atmosphère qu’on donne à une œuvre. Il suffit de changer un cadre pour que la perception d’un tableau se transforme. Selon qu’il soit en bois, en plâtre, en fer, en plastique, doré, blanc ou coloré, la vision de la composition en est transformée.

Si à la préhistoire les cadres n’étaient que des rectangles tracés autour des dessins sur les parois, ils ont évolués avec les époques. Passant d’une simple baguette de bois à l’antiquité comme ceux qui encadre les portraits du Fayoum, les cadres prennent des dimensions plus conséquentes vers le XIIe siècle. C’est à cette époque qu’on voit apparaître des retables monumentaux composés de panneaux peints et de cadres, en plusieurs parties, et parfois même à volet. Mais ces encadrements restent simples.

A partir de la renaissance, avec l’invention du stuc et du plâtre moulé, les cadres de bois ou d’écaille se parent d’ornements floraux, de frises, de blasons, le tout recouvert de feuilles d’or, jusqu’à atteindre une exubérance extrême à l’époque baroque. Certains peintres ont poussé cet extrême jusqu’à donner plus d’importance au cadre par rapport à la peinture, donnant ainsi un effet de profondeur et de trompe l’œil. La forme ronde ou ovale fait alors son apparition, souvent pour les portraits.

Ces derniers ainsi que les paysages peints disparaissent avec la démocratisation de la photographie. A cette époque, dans la première moitié du XXe siècle, le style plus sobre donne des cadres plus épurés dans leur facture. Ils sont standardisés et sont pratiquement tous rectangulaires.

Si dans l’encadrement chaque époque a eu des codes précis, aujourd’hui tout est permis. L’art contemporain s’affranchit même d’encadrer les œuvres. Mais le cadre n’a pas dit son dernier mot, et sans image, il devient à lui seul une œuvre d’art.

Quoi qu’il en soit, le cadre n’est pas qu’une bordure de délimitation, c’est une fenêtre qui s’ouvre sur la vision d’un monde que nous propose un artiste.

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