L'histoire du culbuto
L'histoire du culbuto
En tant qu’ancienne danseuse j’ai cherché comment mettre le mouvement dans mes sculptures de papier. Il m’est alors revenu le souvenir d’un jouet de mon enfance : le culbuto.
Ce jeu traditionnel qui amuse et aiguise les sens des tous petits représente souvent des personnages. Il se renverse, oscille, tourne sur lui-même, bascule, mais toujours se redresse et revient à la verticale.
C’est la base sphérique et lestée du culbuto qui lui interdit une chute définitive. C’est donc grâce à sa forme arrondie et lisse dans sa partie inferieure qu’il peut garder un balancement harmonieux, et grâce à un centre de gravité très bas qu’il est obligé de remonter automatiquement.
Le culbuto est connu en Chine depuis le début du VIIe. Il est appelé "vieil homme ne tombant pas", Budaoweng. Depuis le XIVe il est créé au Japon en papier mâché, et appelé Okiagari-koboski.
Il apparaît ensuite en Europe sous forme de personnages asiatiques bedonnants nommés Poussah. Fin XVIIIe siècle, Jean Ramponneau, un personnage célèbre et atypique donne son nom au culbuto.
Aujourd’hui le culbuto n’intéresse pas que les enfants, mais il trouve de plus en plus sa place chez les créateurs. Que ce soit chez les céramistes, les designers, les sculpteurs, il inspire nombre d’artistes dans la création d’objets de décoration ou usuels comme des luminaires, des fauteuils, des bols ou des boîtes. Même les danseurs et les arts de la rue se sont appropriés ce principe qui ne tombe jamais. Les deux pieds accrochés à une demie sphère de béton, ils se transforment eux-mêmes en culbuto géants.
Des auteurs de bandes dessinées se sont inspirés du culbuto pour leur personnage. L’un des plus connu est
"Mr Culbuto" dans Oui-Oui. Haroun El Poussah calife dans Iznogoud tire son nom du culbuto.
Reconnaissons-le, les culbutos sont des objets malicieux. Prenant le contre-pied de l’immobilisme ils se balancent harmonieusement, et chutent.
Ils provoquent en nous l’étonnement, l’effroi ou la panique… "Ils vont tomber !". Mais surprise, au dernier moment ils remontent !
Ils se sont joués de nous ! Un vertige du déséquilibre qui crée des sourires.