La marqueterie de coquille d’œuf
La marqueterie de coquille d’œuf
Au cours de mes créations de sculptures de papier, j’empreinte de nombreuses techniques aux métiers d’art, en particulier aux marqueteurs. La marqueterie est plus connue pour des réalisations de décors de bois en ébénisterie. Mais les marqueteries peuvent être réalisées en divers autres matières, comme la paille, de l’os, les métaux non ferreux, la pierre, le galuchat, la nacre, la coquille d’œuf. Cette dernière est en marqueterie plus associée au laquage, mais elle peut être utilisée juste collée et vernie.
Cette technique à l’aspect de mosaïque est un art traditionnel japonais très ancien. Il était déjà utilisé, vers -4000 pour marquer le blanc dans les décors laqués. En effet, la laque peut-être colorée mais pas en blanc. C’est pour cela que la "laque coquille d’œuf" fut créée.
Cet art porte le nom de "Rankaku" qui veut dire "coquille d’œuf". C’est un travail méticuleux qui se réalise à la pince à épilée. Il s’agit de déposer des morceaux de coquille dans une couche de laque fraîche. Après plusieurs couches de laque, on obtient un aspect lisse, brillant et délicat.
Le monde occidental s’est fasciné pendant des siècles pour cet art qui connaît son âge d’or au cours de la période Art Déco, en même temps que les objets et tableaux laqués, puisque bien souvent ils vont de paire. L’artiste Jean Dunand (1877-1942) s’est passionné pour cette technique et en est devenu un spécialiste. Ses créations étaient d’une grande finesse et étaient vendus comme objets de luxe.
On peut utiliser la technique de la marqueterie de coquille d’œuf sans le laquage. Cette manière de faire n’est pas très compliquée, mais nécessite une grande patience et beaucoup de dextérité.
Comme nous l’avons vu, Les laqueurs utilisent principalement des coquilles blanches de poules ou de canes. Mais il existe toute une gamme de couleurs allant du blanc au marron foncé, avec laquelle on peut créer une multitude d’effets. De plus la teinte des coquilles étant superficielle, on peut par léger ponçage, obtenir des dégradés et toute une gamme de nuances très intéressantes.
Les coquilles nécessitent une légère préparation. Après les avoir fait trempées, on enlève la peau interne qui se détache facilement, et on les laisse séchées.
On peut peindre le support qui apparaitra entre les morceaux de coquille, puis on l’encolle à la colle blanche. Il est important de ne pas encoller toute la surface d’un coup, mais au fur et à mesure de d’avancée du travail. On prend un morceau de coquille qu’on pose sur la surface, et on appuie dessus avec le doigt. On écarte les petits morceaux obtenus avec un objet pointu pour ne laisser qu’un filet entre les parties de coquille. On peut aussi utiliser une pince à épiler pour placer les morceaux et obtenir des dessins plus précis. Si on le désire on peut teindre les coquilles. On peut aussi mettre un enduit dans les creux une fois la colle sèche. Et enfin on passe deux ou trois couches de vernis pour protéger et faire ressortir les couleurs.
Il est possible d’utiliser la coquille du côté concave ou convexe pour des effets différents.
Si on pousse la perfection et la patience pour un dessin régulier et d’une extrême finesse, on peut couper les coquilles une à une au coupe ongle.
Une coquille couvrira un carré de 8 cm x 8 cm. Donc il faut prévoir le nombre de coquilles nécessaires. Pour une première réalisation il est conseillé de commencer par un petit objet. C est un travail qui peut paraître fastidieux, mais dont le résultat est très impressionnant et gratifiant.
La marqueterie de coquille d’œuf est pour moi une technique magique qui offre une multitude de possibilité d’ornement, qui s’adapte à la plupart des formes, et une fois encollée ne casse pas. Elle est en parfait accord avec mes sculptures de papier.